Techniques d'astronome amateur
Dossiers techniques

L'astronomie sans danger

ou

Les précautions élémentaires à prendre lors des observations.

Il existe des loisirs où le danger est toujours présent de façon évidente. Cela incite les participants à prendre à tout moment les précautions qui s'imposent. Hélas, dans nos séances d'observation le danger est bien caché et entraîne parfois des accidents très graves. Rassurez-vous, le but de ce texte n'est pas de vous faire croire que l'astronomie est une activité hautement périlleuse, ou qu'il faut être formé dans une école de commandos de marine, pour pouvoir prendre un cliché de la lune. Cependant, une longue expérience de cette saine activité nous a enseigné l'existence de quelques dangers. Il est très important de bien les connaître pour pratiquer en toute sécurité l'observation du ciel, une des plus anciennes occupations de l'homme.

Les dangers graves

L'observation du soleil

Un instrument pour l'observation visuelle des objets lointains (jumelle, lunette, télescope, ...) est avant tout un entonnoir à lumière. En effet, la lumière qui traverse son objectif (beaucoup plus grand que notre oeil) est concentrée avant de pénétrer dans l'oeil de l'observateur.

Si ce dernier dirige, sans précaution particulière, son télescope vers le soleil, l'intensité de la lumière sera telle, que son oeil sera instantanément et définitivement aveuglé. Si l'appareil est puissant (diamètre supérieur à 150mm), cela pourra même provoquer très rapidement une ébullition des liquides physiologiques de l'oeil, entraînant son explosion.

La plupart des petits instruments que l'on trouve dans le commerce sont fournis avec un filtre très sombre, marqué "SUN". L'observateur doit placer cet objet devant l'oculaire lors des observations solaires. Hélas ces accessoires supportent mal les chocs thermiques auxquels ils sont soumis et ils éclatent souvent. Ces filtres ne devraient jamais être utilisés avec des instruments de plus de 60mm de diamètre, et même avec cette ouverture, il nous est impossible de vous garantir une totale sécurité. Quant à nous, nous plaçons nos filtres à l'entrée de nos instruments, ceci évite toute concentration dangereuse de lumière.

Ainsi tout danger paraît écarté. Mais lors des séances d'observation publiques du soleil, il n'est pas rare de voir un curieux qui essaye d'ôter le filtre "pour le voir de plus près", alors qu'un observateur est à l'oculaire! Ou alors, un autre inconscient va regarder au chercheur de l'instrument, mais celui-ci est protégé par un bouchon d'objectif. Notre individu a alors la regrettable idée de retirer ce bouchon...

En conclusion :

L'observation en plein jour

En plein jour on peut observer autre chose que le soleil. Par exemple, il est intéressant d'utiliser des jumelles pour contempler le paysage, ou un télescope pour rechercher Mercure ou Vénus à proximité du disque solaire. Vous comprenez maintenant quel est le danger. Il faut veiller à ne pas diriger l'instrument vers le soleil, même un court instant!

Ne cherchez donc jamais Mercure ou Vénus de jour avec des jumelles. C'est suicidaire!

Si vous souhaitez observer ces planètes avec un télescope, placez celui-ci à l'ombre, ainsi vous serez certain de ne pas faire de mauvaises rencontres dans le champ de l'oculaire.

Faites attention aux enfants :
Ne laissez jamais vos jumelles à de jeunes enfants sans surveillance. Ils observent dans tous les azimuts en ignorant le danger et peuvent se diriger vers le soleil. Ce n'est pas en les mettant en garde contre l'éclat de l'astre du jour que vous réglerez le problème. En effet, nous avons déjà vu un enfant qui, mettant en doute les paroles de ses parents, dirigeait volontairement les jumelles vers le soleil. Un enfant sait qu'il se fera pardonner par sa famille s'il fait une bêtise mais ignore qu'avec le soleil il n'a pas droit à l'erreur.
Le soleil ne lui pardonnera jamais.

Les observations de nuit

Après avoir étudié les dangers dus à un excès de lumière, voyons ceux qui sont dus à l'obscurité. Le risque est provoqué cette fois par l'environnement des instruments. Un obstacle ou un trou que l'on aurait facilement évité de jour, sera invisible de nuit.

Le terrain d'observation doit donc être exempt de tout obstacle dangereux comme les dispositifs d'arrosage (il y en a dans toutes les bonnes pelouses), les grosses pierres, ou les poutres (comme celles qui bordent les boulodromes). Veillez aussi à ne pas laisser le sol jonché des ustensiles tels que bicyclettes, tabourets, mallettes d'accessoires, boules de pétanque, etc.

Faites attention à ne pas vous prendre les pieds dans les inévitables fils électriques qui alimentent le dispositif d'entraînement des télescopes.

Si la présence d'obstacles sur le terrain est dangereuse, leur absence peut être mortelle dans certaines circonstances. N'organisez jamais d'observations publiques à proximité d'une fosse de tir au ball-trap sans garde fou, ou d'un puits dans protection, et encore moins près d'une falaise.

Les petits trous peuvent aussi être très dangereux (nid de poule, trou de golf, ruisseau, etc.), ils peuvent provoquer des chutes. La nuit celles-ci sont toujours très dangereuses.

L'instrument n'est pas un accoudoir

Malgré leur imposante silhouette, les gros télescopes d'amateur ne sont pas assez stables pour que l'on puisse s'y appuyer dessus. La plupart des personnes qui les utilisent pour la première fois n'en sont pas conscientes. Cela entraîne des chutes qui peuvent être très impressionnantes, surtout si l'observateur était perché sur un escabeau. Ceci représente la principale source d'accidents, parfois graves, qui peuvent survenir lors des séances d'observation publiques, en dépit des recommandations que nous prodiguons systématiquement à ce sujet.

Les petits malheurs

L'oeil à l'oculaire

Lorsqu'un observateur dirige son instrument à l'aide du chercheur, il est fréquent de voir un curieux mettre l'oeil à l'oculaire sans prévenir. Vous pouvez alors parier que ce dernier va recevoir brutalement l'oculaire dans l'oeil. En effet, l'observateur n'est pas conscient de la situation et sera amené à faire pivoter rapidement le télescope dans différentes directions.

Ne mettez donc jamais l'oeil à l'oculaire sans y être invité.

Veillez aussi à ne pas laisser traîner vos doigts sur l'instrument au moment des manoeuvres. Vous pourriez vous les faire coincer.

Les flashs

Si vous voulez photographier l'objectif d'un instrument avec un flash, attendez au moins que l'observateur ait retiré son oeil de l'oculaire. Sinon celui-ci sera fortement ébloui pendant plusieurs heures.

L'arrosage automatique

Il est de bon ton d'organiser les observations sur une pelouse ou à proximité immédiate. Nous avons précédemment attiré votre attention sur le danger que représentent les becs d'arrosage qui sont parfois disséminés sur le gazon.

Une autre préoccupation est due au fonctionnement automatique de certains dispositifs d'arrosage. Si vous ne l'arrêtez pas avant, celui-ci ne manquera pas de se déclencher au milieu de la séance. Ce qui sera regrettable pour le matériel et pour les observateurs.

Fragilité des instruments

Certains gros télescopes transportables d'amateur nécessitent, pour leur mise en service, un minimum de qualités athlétiques de la part de l'utilisateur. Cependant, dès que l'instrument est installé, il ne faut plus forcer. Les télescopes et les lunettes sont des instruments de très haute précision même lorsqu'ils ont une apparence grossière. Il convient donc de les manipuler avec soin.

L'orientation de l'instrument doit se faire sans effort. Si ce n'est pas le cas, c'est que vous avez oublié de le débloquer.

Lorsque vous l'avez orienté, vous pouvez bloquer les mouvements. Faites-le sans excès. Il n'est pas nécessaire de forcer sur les poignées de blocage pour obtenir une immobilisation suffisante. Notez que ce sont les dispositifs de blocage qui cassent le plus souvent.

Savoir vivre et observation nocturne

Pour qu'il règne une bonne ambiance lors des observations nocturnes, il faut veiller à ne pas se gêner mutuellement.

La lumière

Quand nous arrivons en un lieu obscur, nos yeux s'adaptent. Tout d'abord nos pupilles se dilatent. Ceci peut prendre quelques secondes. Ensuite, la rétine de l'oeil évolue dans l'obscurité. Sa sensibilité s'accroît progressivement. Elle nécessite une heure, pour atteindre son accoutumance maximale. Cette adaptation disparaît rapidement au moindre éblouissement. C'est pour cela qu'il faut proscrire les sources de lumière vive. Les lampes électriques doivent être tamisées à l'aide d'un filtre très dense. Si vous devez utiliser un éclairage intense, mettez-vous à l'écart du groupe.

N'utilisez pas de flash photographique sans avoir demandé l'accord de tous les participants. Sinon vous pourriez voiler des films ou éblouir désagréablement des observateurs qui avaient soigneusement adapté leur vue à l'obscurité.

Faites attention aux briquets, allumez votre cigarette à l'écart du groupe. Par ailleurs, sachez que la lueur de votre cigarette sera très gênante pour les personnes qui vous côtoient dans l'obscurité et pour les clichés que vous voudrez réaliser.

Le bruit

La contemplation du ciel nécessite un minimum de concentration mentale. Celle-ci sera favorisée par le calme et le silence du lieu. Evitez donc de crier ou d'utiliser un poste de radio. Pensez aussi, le cas échéant, aux habitations voisines dans lesquelles des gens dorment probablement.

Autour des instruments

Les instruments devront être suffisamment éloignés les uns des autres afin d'éviter que les observateurs ne se gênent mutuellement. Veillez à ne pas passer devant l'instrument du voisin. Ne touchez pas un instrument quand il est utilisé. Les vibrations que vous provoqueriez seraient amplifiées par le grossissement et rendraient l'observation désagréable.

Conclusion

Certaines de ces recommandations ont pu vous sembler évidentes ou vous faire sourire. Pourtant chacun des accidents ou incidents auxquels nous avons fait allusion s'est réellement produit. Nous souhaitons que vous suiviez nos conseils, afin de ne pas renouveler ces erreurs.

Observez en paix et en sécurité.