Techniques d'astronome amateur
Télescopes en détail

Télescope de 150mm F/D = 8 décrit dans "Tout l'Univers"

    

Sauveur LISCIANDRA et moi-même avons débuté comme constructeurs amateurs de télescopes en suivant la même voie. Nous ne nous connaissions pas encore.

Lors de mon adolescence, pendant les années 1970, j'étais passionné par la lecture de l'encyclopédie "Tout l'Univers" dans laquelle est décrite la fabrication d'un télescope de 150mm ouvert à F/D=8. Cette méthode utilisait des moyens sommaires adaptés aux possibilités de l'époque (il n'y avait pas encore les hypermarchés du bricolage). Elle était sans doute critiquable en comparaison à d'autres méthodes (comme celles de Jean Texereau ou Didier Godillon dont nous ignorions l'existence) mais elle a eu le mérite de montrer aux jeunes passionnés que nous étions qu'il était possible de fabriquer de toutes pièces un télescope. Cela nous semblait extraordinaire. De nombreux amateurs ont débuté avec cette encyclopédie.

Le miroir principal était taillé dans un verre à vitre de 18mm d'épaisseur et le miroir plan était constitué par un prisme à réflexion totale récupéré dans une paire de jumelles. Sauveur et moi-même n'avions pas fait métalliser le miroir primaire.

Je n'ai jamais photographié mon télescope "Tout l'Univers", c'est pour cela que j'expose ci-dessus les clichés de Sauveur LISCIANDRA. Cet instrument ressemble beaucoup à celui que j'avais réalisé.

Comme moi, Sauveur a été confronté aux flexions excessives de la fourche. Sur le cliché de droite, on peut voir la tige filetée qu'il a disposé entre les deux bras de la fourche pour limiter l'influence de ces flexions. Moi même, confronté à ce problème, j'avais placé une tige filetée directement sur l'axe de déclinaison. Elle traversait le faisceau lumineux utile... Sur le télescope de Sauveur, cette tige filetée servait aussi de frein pour le mouvement de déclinaison. C'est la raison d'être de la "poignée écrou" que vous pouvez voir sur ces photos.

Le cliché de droite montre aussi l'entrée du tube du télescope qui est délimitée par un trou circulaire. Vous pourrez constater que ce dispositif n'existe dans aucun des autres télescopes présentés ici car il ne possède que des inconvénients. En effet, cette planche trouée constitue un diaphragme qui contrarie les transferts thermiques. Au début d'une soirée d'observation astronomique, il est fréquent que le miroir principal du télescope soit plus chaud que l'air ambiant. Il se produit donc un échange de chaleur entre l'optique et l'air extérieur par l'intermédiaire d'une convection. L'air chauffé par le miroir s'élève et glisse le long de l'arête du tube qui est la plus élevée. Arrivé à la sortie du tube, il revient devant le miroir pour contourner l'obstacle constitué par ce diaphragme de sortie en perturbant ainsi la trajectoire des rayons lumineux "utiles". Dans un tube carré qui ne possède pas ce diaphragme, la convection conduit l'air "chaud" à s'écouler en grande partie en dehors du "faisceau optique utile". C'est notamment pour cela qu'un tube carré génère moins de turbulence instrumentale... sauf si on l'équipe comme ici avec un diaphragme de sortie.

Cet instrument n'était pas démontable. Il n'était donc pas facile à transporter.

Ce télescope m'a permis mes premières observations astronomiques. Je me souviens de mon émotion lors de ma première observation. J'avais pu voir Jupiter pour la première fois, sa tâche rouge, ses satellites... Le 9 novembre 1973, il m'a montré le passage de Mercure devant le Soleil.

J'ai employé durant quelques mois mon télescope "Tout l'Univers" pendant la construction de mon second télescope (télescope de 260mm avec monture à plateau). J'ai ensuite retaillé son miroir pour réaliser la première version de mon télescope TITAN.

Quand à Sauveur, il a retaillé le miroir de son télescope "Tout l'Univers" pour en améliorer la qualité et construire son télescope de 150mm F/D=8,23 qui était de bien meilleure qualité.